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Un petit bout de bois tout seul sur le bureau,<?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p></o:p>
Pourtant jai bonne mine et je suis prêt à te rendre service,<o:p></o:p>
Je patiente en attendant mais, en attendant quoi ?<o:p></o:p>
Mais que se passe-til, qui me fait rouler sur le sous-main,<o:p></o:p>
Des doigts me saisissent et je sais que cest toi, celle qui voudrait écrire mais qui nose pas,<o:p></o:p>
Pourquoi es-tu si timide, ne me porte pas à la bouche, ce nest pas ton genre,<o:p></o:p>
Peut être tu ne vas pas bien,<o:p></o:p>
Cest vrai que je nentend plus ton rire, tu ne chantes plus même quand tu es seule,<o:p></o:p>
Est-ce une larme qui mouille ta main et glisse sur mon bois peint ?<o:p></o:p>
Raconte moi ta peine et dis toi bien que si tu ris, le monde rit avec toi,
Pleure et tu pleure toute seule.
Viviane B.
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- Par pitié, ma bonne dame, la charité ! implora la mendiante. Elle avait senti au loin la bonne odeur des pois chiches qui séchappait par la fenêtre.
- Jen ai déjà si peu pour moi que si je vous en donne, il ne men restera plus, répondit la femme.
- Eh bien, que tous tes pois chiches se transforment en enfants à ta charge ! vociféra la pauvresse qui nétait autre quune sorcière.
Au même moment séchappèrent de la marmite des enfants par dizaine. Il y avait autant denfants quil y avait de pois. Ils étaient minuscules et se mirent à crier et à pleurer tous en même temps :
- Jai faim, jai froid, jai ma. Maman, prends-moi sur tes genoux, Maman, Maman ...
La femme prit peur et se mit elle aussi à crier et à gesticuler dans tous les sens. Les enfants senfuirent par toutes les fentes de la maison, par les fenêtres et par la porte. Puis, ce fut le silence. La femme réalisa que les enfants avaient tous disparus. Elle se mit à pleurer :
- Mon Dieu ! pourquoi nen ai-je pas gardé un seul ? Il aurait pu maider un peu ; serait aller porter le déjeuner à mon homme ! et elle commença à fouiller chaque recoin de la maison. Elle regarda dans tous les pots, les casseroles, sous les tapis ... Rien. Elle se remit à pleurer de plus belle et sassit la tête entre les mains.Quelle ne fut pas sa surprise dentendre une toute petite voix lui dire :
- Ne pleure pas, Maman. Moi, je suis là !
Elle regarda sur le pilon du mortier et y découvrit un tout petit garçon, gros comme un pois chiche. Il avait les poings sur les hanches et la regardait avec intensité.
- Ah ! Mon petit amour ! dit la femme. Comment tappelles-tu ?
- Chichelin, répondit lenfant qui se laissa glisser le long du mortier avec adresse.
- Viens mon tout petit ! Tu vas aller porter son repas à ton père qui travaille dans sa boutique, dit la femme.
Elle posa sur la tête de lenfant un panier tellement grand quon aurait pu croire que le panier se déplaçait tout seul. Lenfant arriva à la boutique et cria :
- Bonjour, père ; jai apporté votre déjeuner.
Lhomme se demanda sil navait pas rêvé. Il navait pas denfant et qui donc avait bien pu lappeler " Père " ?
Il savança sur la devanture de la boutique et vit le panier rempli de vivres. Il le souleva et découvrit ...
- Je suis Chichelin, né ce matin même dans votre cuisine dun pois chiche, dit lenfant dune voix joyeuse.
- Bienvenue à toi, mon fils. Mange avec moi un morceau. Si tu veux, je temmènerai en tournée. Je fais le métier de rémouleur et je parcours les villages afin daffûter les outils, les couteaux et les ciseaux.Après le repas, ils partirent à la recherche de travail. Ils discutaient tout au long du chemin tant et si bien que les gens qui rencontraient le rémouleur le croyait devenu fou. Arrivé dans la cour dune ferme où il avait souvent de louvrage, il se mit à crier sa harangue.
- " Couteaux, ciseaux, outils à aiguiser - Bonnes gens, ne laissez pas le rémouleur passer "
Le fermier sortit à son appel et lui dit :
- Jaurais bien eu des outils à affûter pour toi mais je nai nulle envie de les confier à un homme qui a perdu sa raison.
- Que dis-tu, demanda le père ? Un homme qui a perdu sa raison ? Voudrais-tu dire que je suis devenu fou ?
- Ben oui, un homme qui parle seul est forcément un fou, répondit le fermier.
- Mais je ne parlais pas tout seul ; je parlais avec mon fils, expliqua le rémouleur.
- Cest bien ce quil disait, renchérit la fermière qui avait rejoint son mari, tu es devenu fou. Où est-il ton fils ?
- Dans ma poche, tout simplement.
Tous les gens de la ferme sétaient approchés et riaient de bon cur. Le rémouleur mit la main dans sa poche et en ressortit Chichelin qui se tenait à califourchon sur son pouce.Tout le monde fut enthousiasmé par ce petit enfant. Le fermier demanda au rémouleur de le lui prêter afin quil garde son buf. Chichelin sinstalla sur la corne du buf et on les laissa dans le champs. Deux voleurs qui passaient par là virent lanimal et crurent quil nétait pas gardé. Au moment où ils sapprochèrent Chichelin se mit à hurler :
- Au voleur ! Au voleur !
Le paysan accourut dès les premiers cris et trouva les deux voleurs cloués sur place.
- Doù vient cette voix, demandèrent-ils ?
- Cest Chichelin. Regardez-le, il est perché sur la corne du buf.
- Prête-le nous, tu en seras largement récompensé, dirent les voleurs.
Le fermier accepta et Chichelin partit avec les voleurs pour les écuries du Roi. Elles étaient bien entendu fermées à clé mais Chichelin passa par la serrure et ouvrit la porte. Il détacha les chevaux, se percha sur loreille dune jument et entraîna le troupeau dehors. Les voleurs sautèrent en selle et senfuirent au galop vers leur repaire.- Nous sommes trop fatigués, dirent-ils à Chichelin. Donne à manger aux animaux. Nous allons dormir un peu.
Chichelin remplit sa tâche mais, fatigué lui aussi, il tomba dans une mangeoire et sendormit. Un cheval lavala avec lavoine sans sen rendre compte. Lorsque les voleurs se réveillèrent, ils cherchèrent Chichelin.
- Chichelin, Chichelin, où es-tu ?
- Je suis là, répondit lenfant dans la panse du cheval !
- Oui, mais quel cheval ?
- Celui-ci !
- Lequel ?
- Celui-ci !
Ils pensaient avoir trouvé lequel et se mirent à lui ouvrir le ventre mais point de Chichelin. Ils ouvrirent un second, un troisième, un quatrième cheval mais toujours rien. Tout le troupeau y passa mais toujours pas de Chichelin. Le troupeau en entier fut éventré. Ils se débarrassèrent des carcasses et un loup qui passait par là profita de laubaine. Il goba Chichelin sans sen rendre compte. Voilà lenfant dans le ventre du loup.Le loup était très gourmand et avait encore faim. Il repéra une chèvre qui broutait dans un pré. Au moment où il allait bondir, Chichelin se mit à hurler :
- Au loup, au loup ! dune voix si puissante que le berger arriva armé dun bâton.
Le loup ne demanda pas son reste et senfuit vers sa tanière. Il se posait des questions : comment son ventre sétait-il mis à crier ? Sans doute avait-il encore faim et il repartit en direction de la bergerie. Il guetta, rampa, se faufila et au moment où il allait bondir sur un agneau, Chichelin se mit à crier :
- Au loup, au loup ! dune voix puissante. Le Berger réveillé en sursaut, se leva dun bond et partit à la poursuite du loup. Celui-ci rentra dans sa tanière. Toujours les mêmes questions lui tournaient dans la tête : pourquoi son ventre sétait-il mis à crier ? Il se dit quil avait trop dair et se concentra pour expulser cet air. Chichelin fut projeté et se retrouva dehors. Il courut se cacher dans un buisson.Il y trouva trois voleurs qui étaient en train de compter largent quils avaient volé. Lun deux faisait les parts :
- Un, deux, trois, quatre, cinq
- Sept, quatre, deux, trois reprend en écho Chichelin
- Suffit, dit le voleur ! en regardant ses complices avec un air réprobateur. Je narrive pas à compter.
- Un, deux, trois, quatre, cinq
- Sept, quatre, deux, trois repris le rusé Chichelin
Celui qui comptait se rua sur son complice et le roua de coups. Il le laissa pour mort.
- Tu vois ce qui tattend, dit-il au troisième. Un, deux, trois, quatre, cinq
- Sept, quatre, deux, trois répondit Chichelin
- Je te jure que je nai rien ... mais il neut pas le temps de terminer sa phrase. Il se retrouva comme son complice, roué de coups et mort.
Le voleur se remit à compter :
- Un, deux, trois, quatre, cinq
- Sept, quatre, deux, trois dit Chichelin
Le voleur crut quun esprit maléfique se cachait dans le buisson. Il senfuit sans demander son reste, laissant son magot sur place.Chichelin referma soigneusement le sac, le plaça sur sa tête et repartit vers sa maison. Il trouva sa mère en pleurs davoir perdu son enfant.
- Maman, maman, je suis de retour, regarde.
La mère souleva le sac sans même regarder le contenu et embrassa son fils.
- Mon Chichelin, je suis tellement heureuse de te retrouver.
Il va sans dire quils vécurent tous les trois très heureux.
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L'âge ne vous protège pas des dangers de l'amour. Mais l'amour, dans une certaine mesure, vous protège des dangers de l'âge.
[Jeanne Moreau]
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