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Par MissViviane le 2 Mai 2006 à 18:00
Les deux loups Les deux loups avançaient côte à côte dans la neige épaisse qui recouvrait le sol de la forêt. Ils marchaient prudemment, dun pas égal, sarrêtant de temps à autre en humant lair, comme pour mieux se repérer. Spectacle étrange, et plutôt inhabituel, ils tenaient dans leur gueule le même long morceau de bois qui semblait les enchaîner lun à lautre.
Le plus jeune, un magnifique loup blanc, ralentit lallure à lapproche dun petit fossé qui traversait le chemin.
Son compagnon, un loup gris à la fourrure clairsemée par endroits, ralentit à son tour sans pour autant lâcher le morceau de bois qui le reliait à son ami.
Peu après, le loup blanc lui donna un gentil coup de patte, comme pour le prévenir de lobstacle, et bondissant ensemble, ils franchirent le fossé avant de continuer leur route du même pas tranquille, tandis quà lhorizon un soleil timide commençait à percer les nuages.
A quelques kilomètres de là, un trappeur nommé Jack Scot entendit frapper à la porte de sa maison.
- Entrez ! cria-t-il.
- Salut, Scot ! dit un grand homme blond emmitouflé dans un grand manteau en daim, il ne fait pas chaud ce matin.
- Bonjour, Larry ! Quest-ce qui me vaut le plaisir de te voir ?
- Des ennuis, jen ai peur Deux loups ont été aperçus près de la rivière.
- Deux loups ?
- Oui énormes, paraît-il ! Alors je me demandais si tu ne pouvais pas faire quelque chose avant quil ne commettent des dégâts ou ne sattaquent à quelquun.
- Compte sur moi. Le temps de me couvrir.
- Bonne chasse alors ! Et fait attention à toi ! ajouta Larry en quittant le trappeur.
Jack Scot neut aucune difficulté à repérer le passage des deux loups qui paraissaient se diriger droit vers la ferme de Tom, un bonhomme solitaire qui vivait avec sa fille au milieu des bois.
Un peu plus tard, il descendit de son véhicule pour examiner leurs traces, qui, à certains endroits, semblaient hésitantes.
- Bizarre dit-il. On dirait quils avancent exactement en même temps, comme si
Allons ! continuons nos recherches. Ils ne doivent pas être loin
Pendant ce temps, les deux loups avaient poursuivi leur chemin. Soudain, le plus âgé sarrêta en poussant un gémissement de douleur. Le loup blanc fit halte à son tour et, lâchant le morceau de bois, sapprocha de son ami comme pour lui dire : « Encore un effort ! ». Ce dernier, rassuré, hocha la tête, et le loup blanc reprit sa place à côté de lui après avoir replanté ses crocs dans le morceau de bois.
Ils parvinrent bientôt à la lisière dune clairière près de laquelle, assise dans la neige, une fillette jouait à la poupée, sans se douter de la présence des deux animaux.
Apercevant la scène, Jack Scot, qui arrivait au même moment, appuya sur laccélérateur tout en criant :
- Attention, petite ! Il y a deux loups derrière toi !
Mais les rugissements du moteur couvraient sa voix, et la fillette ne lentendit pas. Les loups navaient pas bougé. Le plus jeune tourna la tête dans la direction de Scot, puis se plaça devant son ami pour le protéger en grondant.
Jack Scot bondit du 4 x 4 et braqua son arme sur le loup menaçant. À cet instant, la fillette se retourna et se mit à hurler :
- Non, ne tirez pas ! Ces loups sont mes amis ! Ils ne sont pas dangereux. Le plus vieux est aveugle et lautre la pris sous sa protection Il ny a rien à craindre ! Vous voyez ce morceau de bois que le plus âgé tient dans sa gueule : cest moi qui leur ai donné pour les aider à marcher ensemble. Je vous en prie, ne leur faites pas de mal !
Scot abaissa son arme, et le jeune loup cessa alors de gronder.
- Cest extraordinaire ! Je nai jamais vu ça ! dit Scot à lenfant en sapprochant prudemment Quel bel exemple de solidarité ! Mais ces loups, reprit le trappeur, comment les as-tu connus ?
- Jai trouvé le plus jeune quand il était bébé, à côté de sa mère morte dépuisement, la patte prise dans un piège, précisa la fillette. Je lai recueilli, je lai nourri au biberon, puis je lui ai rendu sa liberté. Un jour, il est venu me voir avec son ami aveugle, et depuis ils me rendent visite de temps en temps. Je suis Sarah, la fille de Tom, le bûcheron. Mon père ne sait rien de cette histoire. Vous garderez mon secret, nest-ce pas ?
- Je te le promets répondit Scot. Tu es sûre quil ny a pas de danger ?
- Certaine ! dit Sarah. Ces loups, je les connais par cur ! ajouta-t-elle en souriant.
- Alors, à bientôt !
Jack Scot regagna son 4 x 4. Puis, se tournant vers les deux loups, il leur fit un petit signe de la main, tandis que les deux animaux se couchaient aux pieds de Sarah dans lattente dune caresse.
Texte de Patrick Bousquet.
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