• L'intérêt du conte et du mythe

    L'intérêt du conte et du mythe : remettre dans la logique de la vie

    La parole est malade, il faut en prendre soin
    ( Vittorio Gasman)

    Le mythe et le conte sont la parole dans sa première gestation. C'est pourquoi, si la parole est malade, comme le dit Vittorio Gasman, il devient urgent de revenir à ses fondements qui sont encore à notre disposition, à travers les mythes et les contes. Lorsque la parole ne fonctionne pas, c'est la violence qui gagne. Les mythes et les contes, par l'apprentissage du processus symbolique qu'ils proposent, sont là pour nous aider à faire sortir la parole de la violence. C'est de la naissance de l'homme lui-même dont il s'agit.

    Le conte, dans sa tradition la plus originale et la plus profonde, consiste à remettre le lecteur ou l'auditeur dans la logique de la vie par le biais du symbolique. Les contes des Mille et Une Nuits commencent par le conte de Shérazade. Contre l'avis de tout le monde, Shérazade veut épouser un roi qui tue ses femmes, le matin même, parce qu'il a été auparavant profondément trompé et humilié par sa propre femme. Plutôt que de subir l'humiliation à nouveau en développant une nouvelle relation, il préfère tuer. Pour le remettre dans la voie de la vie, Shérazade lui raconte des contes avant le lever, en prenant soin de les laisser inachevés. Elle suscite ainsi l'intérêt du roi, qui veut savoir la suite et remet donc sans cesse son projet de meurtre au lendemain. De fil en aiguille, il se passe mille et une nuits. Shérazade n'a plus d'autre conte à raconter, mais elle a eu le temps d'avoir trois enfants qu'elle présente à son mari en lui disant : "Il serait dommage que ces enfants restent sans mère". Le roi réplique alors :
    "Il y a longtemps que j'avais décidé de ne pas te tuer ; tu es une femme pure et fidèle". Elle avait réussi à le guérir et à le remettre dans la dynamique de la vie.

    Il y a aussi un autre conte très évocateur où trois hommes essaient de guérir le diable.
    Le diable est quelqu'un qui est blessé à mort et qui préfère faire mourir plutôt que de raviver sa propre blessure. L'astuce de nos trois intervenants consiste à lui raconter leurs propres malheurs, tous plus horribles les uns que les autres. Ils veulent, par ce stratagème, lui faire traverser la mort pour lui montrer qu'en deçà et au-delà de cette mort, il y a la vie. Ils semblent en effet réussir dans leur projet.

    Les mythes fonctionnent comme les contes, avec des images, des figures et une structure qui nous renvoient à une forme d'inconscient collectif. Ils sont à la base de nos différentres cultures, qu'ils rattachent à un fond commun universel. Les étudier permet d'entrer en dialogue avec soi-même et avec les autres hommes. Contrairement à ce que certains croient, ils sont d'une criante actualité. Ils nous révèlent les fondements de la vie sous ses différentes formes, soulignant les liens entre désir et violence, entre force de vie et force de mort. Ils dévoilent les ressorts cachés de la toute-puissance et ses conséquences désastreuses. Souvent ils parlent de chute, non pas pour nous décourager mais pour nous montrer que la chute elle-même est le temps de la fécondation et de l'accession de l'homme à sa propre humanité.


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