• Sale Guerre 14/18

    Les poilus</titre>

    <texte>

    Souvenir. La Grande Guerre, le premier cataclysme que le XXe siècle ait connu, n'est plus qu'un souvenir. Effroyable, pour ses 9 millions d'hommes morts au combat, ses 6,6 millions de victimes civiles et ses 20 millions de blessés. Révoltant, par l'incurie des généraux pourvoyeurs de chair à canon. Emouvant, par la masse de témoignages - lettres, carnets de guerre, dessins - laissés par des soldats voués au sacrifice.

    Quatre-vingt-dix ans après le début des hostilités - dont beaucoup ignorent aujourd'hui l'origine - il était à craindre que l'oubli s'immisce subrepticement dans la mémoire collective. En ce début de XXIe siècle où les grandes puissances mènent des soi-disant guerres « propres », l'héritage de cette « sale guerre » aurait pu finir par devenir trop lourd pour les plus ardents défenseurs d'un dessein européen. Au refoulement, les nations belligérantes ont préféré l'hommage didactique - l'Historial de la Grande Guerre à Péronne en est le plus bel exemple.

    Instruire, analyser, raconter... La transmission du souvenir de 1914-1918 n'a jamais été aussi vivace. Une réponse à la demande toujours plus importante d'un public qui, finalement, n'a peut-être pas fait le deuil de cette tragédie. A moins que le contexte international et son cortège d'horreurs n'incitent à repenser les séquelles d'un conflit que l'on croyait appartenir à un autre âge. La guerre en ex-Yougoslavie du milieu des années 1990, n'était-elle pas la conséquence logique d'une partition géographique absurde décidée lors du traité de Versailles le 28 juin 1919 ? La menace de guerre chimique et d'attentats bactériologiques, qui alimente la psychose aux quatre coins du monde, ne résulte-t-elle pas de l'usage pionnier des gaz dans les tranchées de 1914 ? Les attentats du 11 septembre 2001, perpétrés par des extrémistes musulmans au nom de la guerre sainte contre l'Occident, ne répondent-ils pas au même aveuglement que la barbarie sans nom qui s'est exprimée dans l'enfer des tranchées au nom de la mère patrie ? Ces réminiscences ne doivent pas faire oublier le mouvement pacifiste impulsé au début des années 1920 dans le sillage d'écrivains comme Romain Rolland ou Henri Barbusse. Des voix de la paix qui n'auront que peu de poids face à la furieuse ascension d'Adolf Hitler dans la décennie qui suivra. Durant les années folles, le charleston et son pouvoir cathartique associé à la folie géniale des poètes surréalistes entretiendra l'illusion d'un monde nouveau. En vain. Près d'un siècle après la fin de ce premier conflit mondial, les hommes continuent de faire couler le sang. La Grande Guerre ne semble pas avoir livré tous ses enseignements. Une raison de plus pour continuer d'entretenir sa mémoire.


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